Ce 13 juin devait se tenir au palais de justice de bruxelles une audience décisive de la chambre du conseil dans l'affaire du meurtre de Sourour. Un rassemblement était organisé place Poeleart en soutien à la famille. La police avait elle aussi choisi de montrer son groin au même endroit, en soutien au meurtrier de Fabian...
C’était une audience de la chambre du conseil très attendue par la famille de Sourour et toutes celleux qui la soutiennent, elle et toutes les autres familles endeuillées ou en proie aux affres de l' »après » : la « justice » devait décider du renvoi ou non de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles en correctionnelle pour homicide involontaire. Une grande première en Belgique, le renvoi d’une zone de police !
Un rassemblement de soutien avait été organisé devant le palais de justice de Bruxelles en début de matinée avant l’audience, avec des prises de parole libres pour que chacun.e puisse exprimer ses sentiments.
L’un.e des orateurices annonce alors que l’audience est reportée au 25 septembre. Malgré la déception, les prises de parole se sont poursuivies et l’émotion d’être toustes ensemble pour partager rage et tristesse n’a pas été entamée.
Vers 13:00, 200 flics environ se sont rassemblé.e.s en uniforme pour la plupart, pour soutenir l’un des leurs, inculpé pour la mort de Fabian.
Le policier au volant, âgé de 26 ans, a été inculpé pour entrave méchante à la circulation ayant entraîné la mort et placé en détention provisoire à domicile avec bracelet électronique. Cette décision a été prise car l’individu aurait menti lors de l’écriture de son PV, affirmant avoir les gyrophares et sirènes allumés, éléments démentis par l’analyse du véhicule de police. Il roulait également, toujours d’après les premiers éléments de l’enquête, à une vitesse supérieure à 40km/h dans un parc.
Et pourtant cette décision a déclenché l’ire des syndicats policiers, qui dénoncent un « acharnement » judiciaire et médiatique. Le ton est donné dans l’appel à mobilisation rédigé par les collègues de l’agent, issus du service Trafic de la zone Bruxelles-Ouest :
«Cela aurait pu être n’importe lequel d’entre nous. (…) Allons montrer que nous ne formons qu’un, le corps de police belge.»
Une circulaire ministérielle GPI 65 du 27 février 2009 interdit le port de l’équipement fonctionnel lors de toute manifestation. en outre, Venir en uniforme, en tant que force publique, pour protester contre une décision judiciaire, celle d’un juge d’instruction, est un acte politique lourd de sens. Une manière de dire que la police, au-delà des procédures, reste juge de ses propres actes.
En face de cette manifestation en soutien au policier inculpé, quelques dizaines de citoyen·nes, venu·es dénoncer cette posture d’impunité, sont encerclé·es, nassé·es par la police.
Une nasse, pourtant illégale, pratiquée ici à l’encontre de militant·es pacifiques, dont la majorité étaient présents pour soutenir la famille de Sourour.
«C’est une démonstration en direct de ce que nous dénonçons : l’usage arbitraire de la force, le mépris des libertés fondamentales, la répression de toute opposition», témoigne une personne présente sur place.«
Cette manif de flics, initialement prévue à 9 heures, devait se tenir exactement au même moment et au même endroit que le rassemblement autorisé depuis un mois par le Comité Justice pour Sourour.
Les médias ont relayé que la police aurait déplacé son rassemblement « par courtoisie » une fois qu’elle aurait découvert l’existence de l’autre mobilisation. Une version démentie avec force par la soeur de Sourour.
« Ce n’est pas par bonne volonté que la police a déplacé leur manifestation : c’est la pression des citoyen·nes, de deux élu·es et de nous, la famille, qui les a fait postposer. Ils nous ont appelés, ils nous ont envoyé des messages pour nous demander de déplacer notre rassemblement. »
Des preuves ont été transmises à l’agence de presse Belga, qui a pourtant persisté à écrire que la police « n’était pas au courant ».
«Après avoir vu nos preuves, lire ce genre d’articles est profondément révoltant. Alors non, il ne faut pas s’étonner si les citoyen·nes finissent par scander : «Médias complices!»»
La police belge a encore une fois montré qu’elle savait se mobiliser non pas contre les violences racistes ou la récidive des morts en cellule mais pour défendre l’un des siens, quoi qu’iel ait fait. Surprise ?
On apprendra par ailleurs le lendemain que Alpha Cops Asbl. une ASBL fondée il y a moins d’un an par des policier.ères, aurait lancé une cagnotte visant à soutenir l’agent qui a tué Fabian…